Un Français (8)

Toronto et Helsinki en septembre, Lisbonne en octobre, d’autres villes et d’autres dates à suivre : Un Français continue son bonhomme de chemin (expression splendide, trébuchante, mystérieuse). Les sorties VOD, DVD et Blu-Ray sont quant à elles prévues le 21 octobre. Peu importe le chemin l’important est le but.

Je viens de voir la bande-annonce du film de Nicolas Boukhrief, Made in France, j’espère qu’il ne lui arrivera pas la même mésaventure, j’espère que les exploitants le prendront, feront simplement leur travail. Je l’espère mais j’en doute. Et je lui souhaite bonne chance.

J’écris ces mots d’un bord de mer. Sixième semaine de tournage. Les sièges en fer oranges scintillent sur la terrasse, on vient me chercher dans une heure pour tourner sur un port. Retirer ses chaussures, monter sur un bateau, travelling or not travelling, that will be the question. Loin de toute polémique, loin de toutes ces bêtises. Images cinémascope et caméra thermique.

Je parle d’Un Français tous les jours, même en tournant Pimpette. Hier avec Christian, tantôt avec Rémy, plus tard avec David. Jeanne sera là demain pour tourner une fliquette, Alban me retrouve dans l’avion, Luna porte des Doc Marteen’s. Pas de choses affolantes sur la feuille de service : “Séquence 33, EXT/JOUR, Joséphine s’arrête devant le yacht puis monte en laissant son vélo”.

Travelling or not travelling.

Hier Patrick et la voiture, chargeant le coffre comme une mule, oubliant le frein à main, la voiture qui dévale devant la gare d’Antibes, toute une équipe qui rit. Je ne me souviens pas d’un rire d’équipe sur Un Français. Juste cette petite scène, qui n’amusait que moi, que j’ai coupée au montage. « Là il y a une crêperie mais elle est fermée le mardi ». Pineau l’a fait dix fois, et moi j’ai ri dix fois. Mais je ne l’ai pas gardée.

Filmer des filles. Filmer la mer. Filmer l’enfance. Filmer des rires.

Les gens s’en vont et viennent. Notre actrice est partie faire sa rentrée scolaire. Elle se languit sans doute de nous. Elle regarde sa montre, compte les heures et les jours, une semaine. A treize ans les semaines ne passent pas aussi vite, c’est très long une semaine, sept centièmes de nos vies.

Deux travellings jusque-là. Plus que dans tous mes films.

Je déciderai sur place.


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4 commentaires

  1. Margotton dit :

    Beau billet… « J’aime le cinéma » !
    On espère que les exploitants ne « pendront » pas N.Boukhrief !
    On entend la fameuse petite phrase dite par Patrick Pineau, superbe dans le grand « Un Français », et on rit aussi…
    Bon tournage encore. Kenavo.

  2. Nicolas dit :

    Concernant la sortie Blu-Ray / DVD du 21 octobre (quelle belle date pour un cinéphile), aura-t-on droit à une belle édition collector ?

  3. Xiep dit :

    Je retournerais au cinéma le jour où ils feront un film sur Rotherham.

  4. Julien dit :

    Bonjour,

    J’ai vu « Un Français » hier soir, longtemps après avoir entendu parler de la polémique. Je tenais à laisser une petite trace écrite de mes impressions même ci cela, toutefois, ne servira pas à grand chose je l’admet.

    Mais quand même !

    Ce film m’a marqué et m’a fait pleurer. D’accord j’ai pleurer à la scène de l’enterrement d’Yvette. Je suis peut-être un peu trop sentimental, mais ce qui m’a plongé dans cet état de détresse n’est pas le contexte de la scène elle-même. En effet le jeu de tous les acteurs m’a semblé remarquable (je ne suis pas expert je suis le spectateur inculte), l’évolution des personnages, le goupillement des évènements et la connerie des gens mis à ciel ouvert y sont pour beaucoup.

    C’est pour moi un film anti-haine, qui montre la voie à ne pas prendre en balançant de gros paradoxes du leader de la campagne en fauteuil roulant. Il se remémore les soldats de la guerre 14-18 qui justement se battaient contre le genre d’idéologie qu’il propose.

    Voilà, je suis encore une fois déçu des média qui peuvent faire passer un bon film pour une daube juste car ils sont de mèche avec des politiques.

    Et déçu de la réaction des gens qui parle de généralistation de Français à cause du titre, alors que personnellement je trouves que c’est une banalisation.

    « Un Français » quelquonque qui avec ses amis « Des Français » empruntent le mauvais chemin au mauvais moment. Un seul d’entre eux fera demi tour, tant mieux, mais un peu tard.

    Merci Beaucoup pour ce film.

    Julien.

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