Une scène (#1)

—   Tu pleures ?
—   Non.
—   Pourquoi de l’eau coule de tes yeux alors ?
—   Je ne sais pas.
—   Je peux te prendre la main ?
—   Non.
—   Je peux retirer ta chaussure, poser ton pied entre mes jambes ?
—   Non.
—   Hier soir j’ai repensé à ce que tu m’as dit, que je te faisais peur, ça m’a fait rire.
—   Ce n’était pas drôle.
—   Ce qu’il faut que tu fasses en sortant, c’est tomber amoureuse, du premier type venu. Du premier ou du deuxième. Aller le voir, lui demander qu’il te prenne.
—   Je pourrais te gifler, tu le sais ?
—   Gifle-moi, j’adorerais.
—   Tais-toi.
—   Je peux remonter ta jupe, baisser ta culotte, passer ma langue sur ton sexe ?
—   Non.
—   Tu veux recommander quelque chose, un vin blanc ?
—   Je n’ai pas fini celui-là.
—   C’est ce que je voulais t’entendre dire.
—   Ce n’est pas drôle.
—   Moi je trouve ça drôle. (elle le gifle)
—   Ta main sur mon visage… Enfin !
—   Je vais partir.
—   Pars. Et surtout n’oublie pas mon conseil. Le premier blaireau venu. Ou le deuxième. L’un ou l’autre. Sinon tu vas comparer. Et tu ne choisiras plus personne. Quand il y a trop de choix on ne sait plus.
—   Je m’en vais.
—   Pars.
—   Je suis partie…
—   Je vois ça.
—   Dis-moi quelque chose de gentil…
—   Tu veux qu’on aille aux toilettes ensemble ? (elle se lève, sort, puis revient)
—   Tu as oublié quelque chose ?
—   Mon sac.
—   J’ai fouillé, tu peux le reprendre. Rien d’intéressant. Petit stock de mensonges. Du minable.
—   Je te déteste.
—   Moi aussi. Très fort.
—   On ne se reverra plus, tu le sais ?
—   Je n’ai aucune envie de te revoir. Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé, le Prince d’Aquitaine à la tour abolie, ma seule étoile est morte, et mon luth, constellé, porte le soleil noir de la mélancolie.
—   Ne me laisse pas partir.
—   Reste.
—   Dis-moi quelque chose, quelque chose qui vienne de toi, pas du De Nerval, pas des saloperies. Dis-moi quelque chose de vrai, de pas trafiqué, quelque chose qui vienne de ton cœur…
—   Si tu reviens j’annule tout.
—   Connard !
—   Fais-moi un enfant.
—   Connard…
—   Fais-moi z’en deux, alors, un chacun. Je te laisse le garçon, je prends la fille.
—   Elle deviendra folle avec toi.
—   Ok. Alors je prendrai le garçon, je lui apprendrai la vie, tout le portrait de son père, cent pour cent cannibale.
—   Le pauvre…
—   Reprends un verre de vin… (elle s’assoit)

ADDENDUM/ C’est en préparant des œufs au plat que j’ai eu l’idée de vous faire une scène. Pensé que je pouvais faire ça de temps en temps. Pensé que ça changeait un peu. Pensé que c’était une bonne idée. Non ?


Partager sur Facebook, ou sur Twitter.

9 commentaires

  1. Pizza Pute dit :

    Grave.
    D’autant que certaines répliques peuvent dépanner dans la-vie-en-vrai.

  2. jenyfer dit :

    Très belle idée… Aurais envie de la jouer d’ailleurs…

  3. Cela me fait penser à Marie j’aurais aimer pouvoir dire à cekui qui me décevait, qui ne m’aimait pas assez où trop à tous ces inconnus qui déanbulent chaque jour, Foutaise, Foutaise, mais comment retrouver le magnifique son de Marie France Pisier, unique , l’amolur de Doinel, égérie de Techiné, de Poirider, piquante etgrave dans George Sand, il faut beaucoup aimer les gens qu’on aime, un jour il disparaisse et on verse des larmes inutiles mais qui soulagent. Mireillle

  4. Alice dit :

    J’aime beaucoup

  5. sophie dit :

    oui c’est une bonne idée.

  6. laura dit :

    j’aime beaucoup aussi

  7. julie dit :

    Moi je veux ça souvent.
    En un instant t’es dans un film dont tu peux tarabiscoter la suite comme tu veux.
    Un bon coup de pied à l’imagination.

  8. Manon dit :

    J’aime bien. Oui c’est une bonne idée. J’arrive un peu en retard. Mais je tenais à dire que c’était une bonne idée. Cela me donne envie de la jouer mais le problème c’est que je veux toujours jouer le mec. je ne sais pas pour quoi mais c’est comme ca. J’ai pas le physique alors je trouverais bien un role de fille plutôt chouette non?

Laisser un commentaire

Résumé des épisodes précédents Liens amis Doléances RSS