Débrief (#3)

En fait c’est agréable de rouler en scooter dans Paris sous l’orage. Il ne faut pas faire ça souvent – je pense que ça doit lasser vite, mais une fois de temps en temps c’est vraiment agréable. Ça remet les idées en place. Dans un texte que vous lirez bientôt j’espère, il y a un petit haïku que j’aime énormément : “L’orage va bientôt arriver / Dans tes bras j’aurai moins peur / Je saurai d’où vient la foudre”. J’étais content d’avoir écrit ça, j’y pensais tout à l’heure en roulant, trempé mais sans avoir froid.

Pas mal de choses ces derniers jours, de plus ou moins racontable. Des projets qui avancent, d’autres qui se concrétisent, quelques nouvelles idées, et puis cette petite pièce, “Horizontal”, avec Ludi, Bertrand et Jeanne, mise en scène par Salomé  – que nous avons écrite ensemble, et qui se joue encore deux fois au Ciné 13, mardi et vendredi de cette semaine. C’est agréable de ne pas être metteur en scène pour une fois. On est plus détendu. On s’assoit, on rigole, on ne prend pas de notes. On dit des trucs, évidemment, aux comédiens, à la metteuse, mais plus détaché que d’habitude, pas hystérique – d’autant que cela se passe très bien, que les gens ont l’air contents, que cela rigole.

Je crois que c’est la première fois que je présente un travail qui ne se veut que comique. Dans mes pièces, d’ordinaire, je crois que ça rigole bien aussi, mais ce n’est jamais vraiment le propos. Là l’idée est de faire rire, pendant 25 minutes, de surprendre et de faire rire.

J’avais oublié à quel point c’était bon d’entendre les gens rire, de les surprendre. Envie de refaire de la comédie – ce qui tombe plutôt bien, et puis ensuite, après, de retourner vers le drame. En profiter encore. S’amuser.

Je vois mes amis metteurs en scène qui s’agitent. Avignon approche, je les vois faire, être hystériques. Pour moi pas d’Avignon cette année. Je descendrai sûrement quelques jours, voir le spectacle d’Andréa, voir le spectacle de Salomé, celui de Damien, de Fabienne, d’Adrien, claquer la bise à Jean-Phi, au Baquet, à Gérard, Lys-Aimée, à tous les copains comédiens, techniciens, tous les autres, mais j’irai les mains dans les poches, en touriste. Cela me fait bizarre d’écrire ça. J’ai tellement pratiqué cet endroit, je connais ça si bien, quand juin arrive et que je ne suis pas en train de préparer une pièce pour Avignon – ou un film sur Avignon, cela me fait vraiment bizarre. Heureusement je prépare autre chose, d’aussi envahissant, alors j’y pense très peu. Mais quand même. C’est une partie de ma vie – que “Le Bruit des gens autour” rendra indélébile.

“À chaque âge de la vie, à chaque génération, les hommes cherchent à saisir le mystère de leur existence, il étudient ce problème et lui donnent une réponse. Ceux qui viennent ensuite répondent différemment, mais avec autant de certitude, autant de foi. Et l’erreur humaine, et les excès humains, et la passion humaine restent intacts, chargé de tout ce que l’imagination produit de trouble dans l’esprit des hommes.”

J’ai lu ça avant-hier, c’est Louis Jouvet qui parle, qui parle du théâtre. Grand bonhomme que je découvre par ses textes, simple et sincère, vraiment humain. Je travaille sur un film, mais je lis des textes sur le théâtre… Étrange. Je vous conseille les siens.

Pas grand chose d’autre à dire, ce soir. Ou de l’ordre de l’indicible.

Code secret.

ADDENDUM/ “Mer”, théâtre de l’Atelier, jusqu’au 18 juin. Avec Léa Drucker et Gilles Cohen. Un jour, vous me rappellerez, il faudra que j’écrive pourquoi et à quel point Léa Drucker est une comédienne prodigieuse. Allez la voir en attendant, vous comprendrez.


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2 commentaires

  1. Manon dit :

    L’orage assise au bord de la fenêtre de l’appartement c’est bien aussi…

  2. Non, pas l’indicible, pas ça, pas maintenant.
    Code secret? Ca c’est carrément de la maltraitance de lecteur…

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