La première dame de France

Je viens de voir un très mauvais film en DVD, The adjustment bureau, avec Matt Damon et Emily Blunt, qui je pense (du moins j’espère) n’est jamais sorti dans nos salles. C’est mon pote loueur de cassettes qui me l’a conseillé – à sa décharge, le garçon ne l’a pas vu, mais dès qu’il achète un DVD Zone 1, il aime que j’en aie la primeur.

C’est l’histoire d’un jeune candidat au sénat américain qui tombe amoureux d’une danseuse de ballet pourri, mais des anges habillés comme dans Mad Men (oui oui) (dont un des comédiens de Mad Men, d’ailleurs) font tout pour briser cet amour. Au bout d’une heure vraiment chiante de récit, on comprend enfin la raison : Matt Damon (qui a de moins en moins de nez au fil des films, non ?) est appelé à devenir président des États-Unis, mais s’il reste avec cette femme qu’il adore, il ne pourra pas bien travailler (en gros) puisqu’elle l’importe plus que sa tâche, qu’il serait prêt à quitter pour elle.

Bien. Donc ça c’est fait. Un mauvais film de plus, me dis-je, rien de grave.

Puis j’allume mon ordinateur, et je vois la couverture de Paris-Match, avec Martine Aubry et monsieur.

Comprenez-moi. Je fais vraiment tout depuis six mois pour essayer de me réintéresser à la vie politique – pas me “réintéresser”, ce n’est pas vrai, je m’y suis toujours intéressé, me “remotiver“ disons, pour aller prendre cette carte d’électeur et pour voter utile – donc socialiste – aux prochaines élections.

Mais vraiment !

À part les cons, est-ce que ça intéresse vraiment quelqu’un de savoir avec qui baisent les personnes qui nous dirigent, ou celles que nous préfèrerions qu’elles nous dirigent ? Personnellement je m’en fous. Et pourtant je sais tout. Je sais pour Ségolène Royal, je sais pour François Hollande, je sais pour Manuel Valls, je sais pour Arnaud Montebourg… Je ne savais pas pour Martine Aubry – et c’était une des rares choses qui me plaisaient chez elle – mais là paf : la couverture de Paris-Match.

Mais vraiment !

Vous avez sans doute remarqué que je n’ai pas cité Dominique Strauss-Kahn dans cette liste. Pour tout vous dire, suite aux dernières révélations sur cette histoire dégoûtante, j’avais commencé un papier pour ce blog. C’était un dialogue que je trouvais très drôle entre un homme et sa femme. Mais au fil du dialogue je n’ai plus trouvé ça drôle, du tout, alors j’ai arrêté.

Je me suis engueulé assez vertement avec mon père récemment sur le sujet – comme je présume qu’on s’engueule assez vertement dans les familles depuis des semaines sur le sujet. Il me parlait “morale”. Étant moi-même un moraliste je déteste ce mot. Je lui disais que ce n’était pas le sujet, que ça n’avait rien à voir. Il me disait si, je lui répondais non. Une engueulade, quoi.

Je ne pense plus rien de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, et je voudrais ne plus rien savoir. Ce monsieur ne va pas être président de la république, ce n’est plus un personnage public, c’est une affaire privée, c’est son problème à lui, celui de cette femme de ménage, celui de l’écrivaine blonde, de la mère de l’écrivaine blonde, et celui de son épouse, évidemment, de sa famille. Il y a 150.000 procès par mois en France, vingt fois plus aux Etats-Unis, pour des choses plus légères et plus graves, et nous n’en savons rien. Cela ni ne nous regarde, ni ne nous concerne.

Je ne veux pas savoir avec qui baise, de gré ou de force, Dominique Strauss-Kahn, je ne veux pas voir la tête du mari de Martine Aubry, je me fous que la femme d’Arnaud Montebourg soit journaliste, et celle de Manuel Valls violoniste, et je devrais me foutre que François Hollande et Ségolène Royal aient vécu des années ensemble, aient eu des enfants, et se retrouvent aujourd’hui ennemis et rivaux – je peux trouver ça drôle, un peu théâtral (niveau Shakespeare du Poitou) mais tellement tellement pathétique.

Ce que je trouve effrayant, en revanche, c’est que ces gens, du même parti, se détestent à ce point, soient incapables de se parler, de s’adresser la parole, de se faire une bise rue des Teinturiers. Plutôt que de se haïr, je voudrais que ces gens travaillent, et si possible ensemble.

Ce que je trouve effrayant, c’est que le parti socialiste en particulier, et la vie politique en général (puisque je sais aussi pour Sarkozy enceinte, pour madame Borloo, pour le divorce de Villepin), ce soit devenu Secret Story.

Ce que je trouve effrayant, c’est que je n’ai toujours pas repris de carte d’électeur, et que je ne suis pas prêt d’en reprendre. Et que je ne suis pas le seul.

Mais lisons les programmes, comme disent mes amis militants, lisons les programmes.

ADDENDUM/ Je n’ai pas pu me résoudre à mettre cette couverture de Paris-Match en illustration de ce papier, ni une image de ce mauvais film. Donc j’ai fait à l’avenant. Très très très à l’avenant. J’ai tapé “Tante Yvonne” puis “Images” sur Google et je suis tombé là-dessus. J’ai dit d’accord. Et si vous ne ne croyez pas, essayez.


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2 commentaires

  1. carine dit :

    Pour ajouter à votre dépitement, ce film était à l’affiche en France, début printemps, si mes souvenirs sont bons, sous le nom de « L’agence. Désolée (prendre la voix de la marionnette de Denisot)

  2. complétementd’accord,elle ,court elle court la rumeur, le buzz. DSK , c’est obscène; Il y a peut être quelques leçons de dignité à prendre en Norvége…. Ayons une pensée émue pour Amy Winehouse qui a réussi à mourir comme une icone à 27 ans .Je ne sais pas si Matt Damon a le nez de plus en plus petit, mais ces derniers temps son nez devient un très mauvais conseiller. Echec et Matt, les films sont de pire en pire. Ciao.

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