Everyday

Constance m’a soumis hier soir via email un défi-doléance : il s’agissait de commenter cette chanson – Everyday”, de Buddy Holly – et d’ouvrir par là même une espèce de pensée constructive entre chansons et sentiments. Soit dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai ce que tu écoutes.

Il se trouve que vous tombez bien, Constance (oui, j’ai envie qu’on se vouvoie), car “Everyday” est une des premières chansons que j’ai apprises à la guitare (de mémoire je dirais ré/sol/la7ème/ré/sol/ré/sol/ré/la7ème).

Je devais avoir treize ans, et je chantais ça par cœur :

Everyday it’s a-gettin’ closer
Goin’ faster than a rollercoaster
Love like yours will surely come my way
A-hey, a-hey-hey

On a les références qu’on peut. Celle-ci en fait partie, tu tombes bien. Joliesse et simplicité consternantes, texte ambigu, assez triste, mais mélodie enjouée. Et puis Buddy Holly, tête de truffe, rockeur blanc, gamin avec des lunettes, mort dans cet accident d’avion avec Big Bopper et Ritchie Valens. “La Bamba”, la légende.

J’aime beaucoup cette chanson, oui, depuis toujours. C’est une chanson de cinéma, d’images. Peggy Sue get married, Coppola, cinoche américain de qualité. Je ne la joue plus jamais mais je suis content que tu m’en parles, ça me fait plaisir d’y repenser, de la réécouter grâce à toi.

D’autres “Everyday” m’ont bouleversé depuis. Très récemment, celui de mes amis The Two, titre de leur premier album impeccable, à découvrir d’urgence si ce n’est déjà fait. Et puis la chanson de Costello, bien sûr, “Every day I write the book”, une de mes dix chansons préférées d’un de mes dix artistes préférés au monde.

Costello. Elvis Costello. De son vrai nom : Declan Patrick (comme moi) MacManus. Si vous saviez comme j’aime Costello… D’ailleurs vous n’allez pas tarder à le savoir… J’ai vu deux concerts d’Elvis Costello dans ma vie, je n’oublierai jamais. Le premier il était seul à la guitare, et derrière lui il y avait une roue, une grande roue de fête foraine. Sur chaque petite tranche de cette roue, il y avait le nom d’une chanson. Entre chaque titre il tournait la roue, et jouait celle que le sort désignait – et s’il l’avait déjà jouée, il la rejouait, pas de problème. On est joueur ou on ne l’est pas.

Quelques années plus tard – c’était je crois aux Folies-Bergères, il était entouré par le Brodsky Quartet, pour interpréter sur scène un des plus beaux disques qui n’a jamais été enregistré et qui s’appelle The Juliet Letters. Un disque de rock interprété par un chanteur exceptionnel et un quatuor à cordes habituellement dédié à Bartok et Shostakovich. Un chef d’œuvre.

Patrick avait découvert (permettez-moi de l’appeler Partrick) que depuis des années des gens continuaient d’écrire à la Juliette de Roméo, et que la ville de Vérone conservait ces missives improbables, dont elle ne savait que faire. Costello, lui, savait. Il demanda à les lire, on lui accorda cette faveur, et en tira de fait vingt chansons somptueuses. Quand je dis “somptueuses” je dis au-dessus du lot, je dis le-doigt-de-dieu même s’il n’existe pas, qu’il eut l’idée géniale d’arranger et d’enregistrer avec un des quatuors de musique classique les plus doués du moment. Écoutez cet album, je vous en supplie, découvrez ça. Et si ce blog n’aura servi, au final, qu’à vous faire découvrir cet album, cela m’ira très bien.

Elvis Costello, si vous le l’avez jamais vu, porte les même lunettes que Buddy Holly. En hommage. Il se trouve que je me suis fait faire des lunettes récemment. Et pas parce que je deviens presbyte, non, ne soyez pas désagréable, simplement parce que je dois en porter depuis toujours et que je n’en porte pas. J’ai été raisonnable, je me suis fait faire une paire – que je ne porte pas. Les mêmes qu’Holly et Costello j’ai demandé.

Everyday seems a little longer
Every way’s love’s a little stronger
Come what may do you ever long for
True love for me

ADDENDUM/ Je parle de Costello. Je pense à toi mon Christian. Je ne sais pas si tu lis ce blog mais je t’embrasse.


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8 commentaires

  1. karine dit :

    ça marche! tu m’as donné envie de découvrir The Juliet Letters!!
    bises
    k

  2. Constance JOLY dit :

    Vous l’avez fait ! (tiens ben moi aussi je te vouvoie !). Merci…
    Le baise-main,
    Constance

  3. carine dit :

    Même quand on connait les disques de Mr Costello, on les redécouvre à chaque écoute, et c’est toujours un délice.

  4. Richard dit :

    Indoor fireworks ne fait-elle pas partie des plus belles chansons d’Elvis/Patrick ?

  5. Carine dit :

    Everyday de Mr Holly en bande son de  » we need to talk about Kevin « : je ne l’écouterai plus de la même façon…
    Et à l’opposé, Mr Costello très drôle avec Sean Penn dans « mon oncle Charly ». Riche semaine.

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