L’ogre et les enfants

—   Rémi vient d’arriver dans ce quartier et ce que lui racontent ses nouveaux amis lui fait très peur : «C’est un ogre ! Ne t’approche pas !»
—   UN OGRE !?
—   Oui, mais bon… Comment te dire… Non ce qui est vraiment terrorisant dans cette histoire, Paulette, si tu veux le fond de ma pensée, c’est que le garçon s’appelle Rémi.
—   Pourquoi tu dis ça ?
—   Parce qu’aucun garçon de ton âge ne s’appelle Rémi, écoute, soyons un peu sérieux ! Un Rémi ça fait contrôler sa prostate, ça dirige France-Télévisions, et ça n’a plus du tout de cheveux.
—   Dans ma classe eh ben il y a un garçon qui s’appelle Samir et qui perd tous ses cheveux !
—   Sans déconner !?
—   Sans déconner !
—   À six ans !?
—   À six ans !
—   Vache !
—   Tiens, tu n’as pas dit “putain”…
—   Ça m’a échappé, pardonne-moi.
—   Tu continues l’histoire ?
—   Ah oui, mais non, ça me saoule ces histoires. Tu vas voir qu’à la fin, l’ogre il va devenir tout gentil et il va décider de ne plus jamais manger les petits enfants.
—   Tant mieux !
—   Mais non ! Du tout ! Pas tant mieux ! Dans la vraie vie, l’ogre, crois-moi, il les bouffe, les petits enfants ! Et il va bien falloir que tu te la cognes un jour ou l’autre, ma petite chérie, la vraie vie ! Ça va aller, les contes de fées ! La vraie vie, fais-moi confiance, c’est la guerre ! Et c’est pas beau à voir, ma dounette !
—   Pourquoi tu t’énerves ?
—   Je ne sais pas.
—   Pffft ! Tout ça c’est des bêtises, je sais bien… En vrai ça n’existe pas les ogres…
—   Ne sois pas si mature, ça m’énerve.
—   C’est parce que j’ai pas voté pour toi au concours de hamburgers ?
—   Exactement !
—   Hummm ! Il était trop bon celui de maman !
—   Avec de la viande et des frites ? Ah bravo ! Bonjour la créativité !
—   Ah oui mais le chorizo c’est trop fort ! Et puis j’aime pas les artichauts !
—   C’est très très bon, les artichauts !
—   C’est dégueu !
—   C’est très bon !
—   C’est dégueu !
—   C’est breton !
—   C’est dégueu !
—   CHRISTOPHE ! CHRISTOPHE ! Ta fille vient de dire qu’elle n’aimait pas les artichauts parce que c’était breton !
—   J’AI PAS DIT ÇA !
—   SI, TU L’AS DIT !
—   MENTEUR !!!
—   SI, TU L’AS DIT !
—   Vous n’avez pas un peu fini tous les deux ! Vous ne pouvez pas lire une histoire tranquillement ?
—   MAIS C’EST PAS MOI, C’EST ELLE !
—   C’EST PAS VRAI ! J’AI RIEN FAIT !
—   STOP !!! Si ça continue, je vous confisque le livre, et vous filez vous couchez immédiatement !
—   Mais j’ai rien fait, moi !
—   Moi non plus ! C’est lui qui dit que…
—   STOP !!!
—   Pffft…
—   Pffft…
—   Quand Rémi revient de l’école, il traverse la rue pour ne pas passer près de la maison de l’ogre terrible, du monstre méchant qui dévore les enfants… C’est très très bon, les artichauts, t’y connais rien.
—   Dégueu !

ADDENDUM/ Recette des “artichauts italo-andalous” selon Diastème et Catoche : deux beaux fonds d’artichauts bretons cuits et dénudés avec amour, puis recouverts de fines lamelles de champignons, puis de fines lamelles de chorizo extra-fort, quelques câpres au milieu, le tout coiffé de fines tranches de mozzarella, à la manière d’un hamburger. Passez quelques minutes au gril, couchez les enfants, dégustez.


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3 commentaires

  1. Carine dit :

    Toujours fan! Rémi mange-t-il l’ogre à la fin?

  2. catichoufol dit :

    pas tout compris ? mais sympa la recette 2 variantes possibles : coucher les enfants avant les champignons et remplacer la chaud rizzo pour de la sousbressade .

  3. Au lieu de lire des histoires à Paulette, tu ferais mieux de lui en écrire non? Tu ferais ça très bien, j’en suis certaine…

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