Débrief (#4)

Je viens de lire cette phrase sur le net : “Quand elle descend à Cannes, Paris Hilton loge au Carlton”. Cela m’a fait rire vingt bonnes minutes. Mais sans doute suis-je un peu fatigué.

Dans la même brève (je ne sais pas comment on appelle ces tombereaux de rien sur Yahoo : des brèves, des dépêches, des articles – ne pas pousser),  dans cette bousasse-qui-ne-fait-pas-de-mal-aux-arbres-au-moins, disons, son french lover affirme : “On a fait l’amour au son de son album”. Pouf pouf.

J’adore ce monde.

Il se trouve que je n’ai pas envie de parler de choses tristes, et il se trouve que rien ne me vient de gai, pardon, mon esprit est occupé ailleurs. D’un autre côté, je suis désolé, dans tous les journaux littéraires il y a des passages chiants, vides, nuls. L’auteur n’a vraiment rien à dire mais il écrit quand même. Il y a ça chez les Goncourt, chez Léautaud, chez Pavese. Si je vous lisais certaines lettres de Flaubert vous n’en croiriez pas vos arcanes auditives. Cela fait partie du jeu.

Si je suis morne et lent c’est que je suis ailleurs. Écriture imprévue et prenante, qui m’encombre, mais dont le résultat vous plaira, j’espère. Une nouvelle pièce, oui, plus un scénario à corriger, plus une adaptation (j’ai pris du retard, Frédo, pardon), plus un livre pour enfants (j’ai pris du retard, Constance, pardon).

Livre pour enfants, oui, vous avez bien lu. Celui que j’ai démarré me plaît beaucoup, les enfants dépressifs adoreront. Quand j’étais chanteur, lors de ma petite série aux Déchargeurs, j’avais une très bonne vanne pour présenter une de mes chansons – je ne sais plus laquelle, non. Je disais : “J’ai deux passions dans l’existence, le sexe à plusieurs, et la littérature pour enfants”. Cela faisait son petit effet. Les gens gloussaient, un peu outrés, puis je commençais ma chanson. Toujours beaucoup aimé cette vanne.

Je me suis énormément moqué de la littérature pour enfants, ne serait-ce que pour agacer Kéthévane, ou Christophe (qui a quand même eu le “Goncourt du Nain” cette année avec Gwen). Pourtant je dois ma carrière théâtrale à la littérature pour enfants (penser à raconter cette histoire un jour), pourtant j’aime beaucoup ça, dorénavant, j’adore leurs livres, et je vais me lancer, je vais finir. Juste mon histoire est horrible, atrocement triste, mais rigolote, pour qui aime l’humour un peu noir – et je vous jure qu’elle finira bien.

Quoi vous dire d’autre ?

Eva Joly ? Se moquer d’Eva Joly je ne peux pas, c’est trop facile. Paraît-il qu’elle aurait parié avec Cécile Duflot que si elle faisait plus de 10% au premier tour, Duflot apprenait le norvégien. Cécile Duflot, qui est aussi faite pour être chef d’un parti politique d’envergure qu’Eva Joly pour être candidate à la présidence de la République française. Sans déconner, ces gens ont perdu le sens commun ? Et ils n’ont pas d’amis ? Il n’y a personne, autour, pour leur dire – à part Cohn-Bendit, bien sûr ? Tout le monde à gauche est donc d’accord pour faire réélire Sarkozy ? Ils le font tous exprès ?

Mais je ne vais pas parler de ça, ça m’énerve. Je devrais parler tennis, plutôt, ou amour. Ces choses qui nous font transpirer. Tisser un parallèle entre le tennis et l’amour, voilà un travail d’écrivain. Godard l’a fait pour le cinoche, et assez poussivement – soit dit sans méchanceté. J’aime beaucoup Godard, l’idée de Godard, l’idée qu’il puisse y avoir des Godard, les lire, les écouter, les soutenir, tant qu’on ne me force plus à regarder leurs films. Je suis trop vieux, il faut comprendre.

Comme disait Bernie Bonvoisin en substance – que je salue : “Enfin ! Le temps perdu ne se rattrape plus”.  Barbara le disait également – que je salue : “Dis, au moins le sais-tu / Que tout le temps qui passe / Ne se rattrape guère / Que tout le temps perdu / Ne se rattrape plus”.

Car il est bien court, camarades, le temps des cerises, où l’on s’en va deux, cueillir en rêvant, des pendants d’oreilles. Cerises d’amour aux robes pareilles, tombant sous la feuille…

En gouttes de sang.

ADDENDUM/ Ai-je bien pensé à ajouter à la rubrique «Liens amis» celui du tourneur d’Alex Beaupain, afin que vous ne puissiez pas rater un de ses concerts – qui vont être nombreux et splendides, et dont la bande originale indispensable du film Les Bien-aimés, qu’il a composée, et qui sort mercredi, est déjà dans les bacs ? Il me semble que la réponse est oui.


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3 commentaires

  1. Carine dit :

    Il ressemble à un Iphone le coquillage, probablement un effet du dérèglement climatique…

  2. karine dit :

    un livre pour enfants dépressifs, ça me rend joyeuse!
    bises
    k

  3. catichoufol dit :

    Des enfants depressifs ça ok, des bouquins pour eux et puis quoi encore ? il ne manquerait plus qu’ils soient tous « résilients » ..Une éduc qui ne veut pas etre au chomage …

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