Anne Hathaway

Je n’ai bizarrement jamais eu de grande passion pour les actrices, les actrices dans les films. Je n’ai jamais été groupie, fan, adorateur sans faille de telle ou telle d’entre elles. Je sais apprécier les meilleures, bien sûr, leur rendre grâce, respect, admiration quand il le faut, mais leurs photos n’ornent pas mes murs, leur image mes fantasmes.

J’ai aimé Carole Laure, beaucoup, dans les films de Gilles Carle, ou Préparez vos mouchoirs, Sweet Movie – mais c’était essentiellement sexuel, oui, même si elle jouait bien. J’étais petit, je découvrais, j’en étais fou. Plus tard, aucune actrice française (ou francophone) ne m’a refait cet effet. J’en adore plein, évidemment, mais je n’irais pas voir un mauvais film pour la seule raison d’une d’entre elles.

Les actrices que j’adore, que j’admire, je travaille avec elles, ai travaillé avec elles, travaillerai avec elles, ce sont elles que je préfère dans ce pays. Les autres cela dépend des films, des rôles. Et je ne suis pas toujours très tendre. Si quelqu’un que j’aime me déçoit, tourne dans un film honteux, l’admiration fait volte-face, le désir demi-tour.

Côté autres pays, là encore, pas des masses. Quelques passions, parfois fugaces, parfois durables, pas pour les grandes vedettes en plus. Si je vous dis Elizabeth Shue, par exemple, cela ne vous dira peut-être rien. Pourtant, voyez Leaving Las Vegas, et vous aussi en tomberez amoureux. (Voyez Leaving Las Vegas, quoi qu’il en soit, un de mes dix films préférés au monde).

Sachant que je suis évidemment beaucoup plus tolérant pour les comédiennes étrangères. Je ne les vois pas, elles, à la télévision, je ne les vois pas dans tel ou tel journal, assister à tel ou tel défilé à la con, ni répondre à telle ou telle interview à la con.

De fait, des comédiennes comme Catherine Keener, par exemple, gardent mon admiration intacte. Une immense comédienne, googleisez-là donc. Ou Frances McDormand. Ou Maggie Gyllenhaal – un génie, elle. Ou cette australienne incroyable qui jouait dans le dernier Jane Campion, Abbie Cornish. Et plein d’autres, bien sûr, que j’oublie.

Et puis il y en a une, que j’ai découvert récemment. Une jeune, une belle – mais pas si belle que ça. Anne Hathaway elle s’appelle.

Comme tout le monde, je l’ai découverte dans un très mauvais film, Le Diable s’habille en Prada, puis je l’ai vue dans une espèce de téléfilm Miramax où elle jouait le rôle de Jane Austen – vieille passion que je traîne pour Jane Austen. Puis je l’ai vue animer les Oscars avec ce formidable Hugh Jackman, puis dans Love and other drugs – pas si mauvais film que ça, avec le frère de ma Maggie, en plus, Jake Gyllenhaal, et là je viens de la voir dans une soupasse : Un Jour, le film s’appelle.

Ce n’est pas très très bien, donc. Comédie romantique dramatique, Quand Harry rencontre Sally, mais qui finirait mal, l’histoire de deux amoureux qui se ratent, pendant des années, qui s’aiment mais qui se ratent.

Anne Hathaway est formidable, comme toujours. Son jeu est tellement fin, son regard lumineux, sa gestuelle précise. C’est une grande comédienne, qui doit avoir trente ans, devrait faire de grands films. D’après ce que j’ai lu, son prochain sera Catwoman. Donc ce n’est pas gagné. Pas encore Liv Ullmann.

Dans Un Jour, vers la fin, après qu’elle et son amoureux se soient ratés pendant tout le film (verbe pronominal, pas sûr que ça s’accorde), il y a une scène très belle. Ils sont enfin ensemble, enfin heureux, elle porte une nuisette, assise sur un machin, adossée à un mur, elle le regarde, puis elle lui dit : “Je veux un enfant de l’homme que j’aime…” Contrechamp sur lui, qui la fixe, interdit – la caméra revient sur elle : “Mais s’il refuse, ajoute-t-elle, je le ferai avec toi.”

Et là, sur son visage, un sourire se dessine, toute la beauté du monde.

Lui, désarmé, qui la regarde, comprenant, anéanti de joie, fou d’amour.

Les femmes sont surprenantes, des fois, oui. Anne Hathaway est surprenante.

Pas sûr sûr d’aller voir Catwoman pour autant.

Mais presque.

ADDENDUM/ Cela va commencer à faire beaucoup, mais je n’y suis pour rien, ce sont d’heureux hasards. Mais le jeudi 1er mars, au théâtre Montmartre-Galabru, il y aura la première d’une nouvelle version de 107 ans, que j’irai évidemment découvrir, avec curiosité, tendresse et émotion. Toutes les informations .


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4 commentaires

  1. karine dit :

    suis raide dingue d’elle!!! alors il faut voir « Rachel getting married »
    http://www.imdb.com/title/tt1084950/
    mais aussi très fan de Maggie, Frances, Keener.. and Shue, yes Leaving Las Vegas… je dois le revoir….
    d’ailleurs tu devrais nous donner tes neuf autres films préférés un jour!
    bises
    k

  2. carine dit :

    J’ai été voir ce film pour elle aussi, comme celui d’avant d’ailleurs
    Cette scène est de toute beauté, en effet.

  3. mireille aranias dit :

    Toutes las actrices dont vous parlez sont sublimes, pas trop de frenchies ? n’oublions pas Michèle Williams, Marylin pour un week end. Puis je quand même ajouter que Meryl Streep reste une grande actrice et une grande diva, une pensée pour l’immense Gena Rowlands. Les actrices ne font que rêver les hommes, les filles aussi. Mireille

  4. Cel dit :

    Oui oui, il faut accorder les verbes pronominaux, sauf quand le c.o.d suit. (ex: Elles se sont lavées / Elles se sont lavé les mains) 🙂
    À bientôt. Bisous
    PS: Très joli texte avec plein de gentillesses sur plein de gens, des gentillesses comme on n’en lit pas assez souvent!

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