La Paix dans le monde (1)

Je suis en train de faire une des choses les plus belles, les plus troublantes, que j’ai pu faire depuis toujours. Je retourne au théâtre, avec Fred – avec Emma aussi, avec Simon, avec Lucie. Il y a eu La Nuit du thermomètre, il y a eu 107 Ans, il y aura La Paix dans le monde.

Nous rentrons de résidence, à Avignon, là où nous jouerons cet été. Cela sera annoncé dans les semaines qui viennent. Et ce ne sera pas ma seule pièce, en tant qu’auteur, à Avignon, ce festival. 

J’ai beaucoup de chance.

Nous avons passé une semaine formidable. Nous avons ri et nous avons pleuré. Nous nous sommes beaucoup embrassés. Nous nous sommes dits que nous nous aimions, que nous nous étions beaucoup manqués. Et nous avons bien travaillé.

Je ne suis entouré que des gens que j’aime, depuis toujours, des gens qui font partie de ma vie – c’était ma condition pour revenir au théâtre en tant que metteur en scène, revenir avec ma bande, avec ma troupe, élargie – d’autres évidemment reviendront, tous ne seront pas sur celle-ci, et nous allons jouer dans un théâtre qui nous a accueillis comme rarement j’ai été accueilli. À bras ouverts.

C’est assez bouleversant. Savoir que près de vingt ans plus tard, des gens qui étaient là pour votre première pièce sont encore là, toujours. C’est de l’amour. Vingt ans ou dix-huit ans d’amour. Avec mon Frédéric Andrau, avec mon Emma de Caunes, avec mon Stéphane Baquet – et, depuis à peine moins longtemps, avec mon Mathieu Morelle, avec mon Fred Cambier, avec Vanessa Filho, avec Alban Ho Van, avec Cali. 

Tous ces gens font partie de mon histoire, “L’Histoire de Simon et Lucie”.

Peut-être que cette histoire est l’histoire de ma vie. Peut-être que ce triptyque sera ce que j’aurai fait de plus beau, je n’en sais rien, je ne sais pas. 

Je n’ai pas de souci par rapport à cela. J’aime toutes mes pièces, tous mes livres, tous mes films, les passés, les présents, les futurs, ils sont tous différents et je n’ai pas de préférés, cela me m’intéresse pas de choisir, j’aime autant La Tour de Pise que Fille/Mère, L’Amour de l’Art qu’Une Scène, mais là ce n’est pas la même chose, là c’est Simon et Lucie, là c’est La Nuit du thermomètre, là c’est 107 Ans.

Là c’est La Paix dans le monde .

Le nombre de fois où j’ai juré sur les dieux du théâtre et du limoncello que je ne monterai plus jamais une putain de pièce à Avignon! Les dieux doivent bien de marrer… Comme doivent bien se marrer tous ces amis partis, ces amis d’Avignon, Stéphane, Vincent, j’espère qu’ils seront planqués dans les cintres cet été, j’espère les entendre se marrer… 

Mais je ne vais pas faire long, je voulais juste écrire cela, vous faire partager ce bonheur.

Il y a deux jours, au téléphone, j’ai dit à un ami: “Je suis en résilience à Avignon”. 

Au lieu de “résidence”. 

Le lapsus m’a fait rire.

Je vous souhaite une belle année.

“J’ai franchi sur un pont de corail / quelque chose qui ne permet pas le retour”

PHOTO / Frédéric Andrau et Emma de Caunes dans La Nuit du thermomètre, CDN de Nice, décembre 2001 (ou peut-être Théâtre Marigny, janvier 2003, l’un ou l’autre).


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